Au préalable, un conseil : je vous recommande de faire le tour du propriétaire, pour « sentir » les lieux. Dans ce volume monumental en deux blocs, les architectes ont joué l’inversion des signes : les espaces ouverts au public sont à l’avant, dans le socle le plus opaque, à l’horizontale, ceux réservés à la conservation à la verticale dans la barre au second plan, vitrée et ouverte sur l’extérieur. A travers cette mise en scène, renforcée par une trame volontairement répétitive et linéaire, il s’agit de donner à voir le parcours de l’archive. Le visiteur peut suivre les magasiniers dans ces immenses coursives sur 5 étages, depuis la salle de lecture, pièce centrale (et magistrale) coiffée d’une verrière.

La partie publique (deux niveaux, dont un en sous-sol) dispose également d’espaces d’exposition, pour les scolaires et d’un auditorium, dont la distribution est rythmée par des patios au milieu desquels poussent des arbres. Les jeux de miroirs et de reflets y sont souvent surprenants.

La nuit, le bâtiment affirme sa présence de façon spectaculaire : à l’avant, le mot Archives départementales s’affiche en lettres rouges dans une mise en scène époustouflante. Plus discrètement, à l’arrière, des alvéoles aux couleurs acidulées, roses, bleues, vertes, jaunes, jaugent le remplissage progressif de ces cellules vides. Des lucioles appelées à terme à disparaître jusqu’à ce que l’immeuble soit plongé dans le noir total, une fois entièrement rempli.